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Université : Quand l’orientation supplée à la concertation

22 Février 2011 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Actualités

Les réformes «globales et profondes» que les autorités algériennes ont tenté d’apporter à l’université algérienne pour la sortir des abysses de cette médiocrité, que tout le monde avait enfin reconnue dans le milieu des années 2000, n’ont pas encore abouti, certaines ayant même davantage compliqué la situation devant l’évolution constante du monde, provoquant la révolte de la communauté universitaire. Nous le voyons ainsi très régulièrement depuis plusieurs années, les enseignants enchaînent les mouvements de grève autour d’un certain nombre de problèmes liés à leurs conditions socioprofessionnelles et les étudiants n’hésitent plus à sortir dans la rue pour protester contre la confiscation de leur avenir. Tous aspirant à l’avènement d’une véritable université formatrice de compétences capables d’affronter les challenges : «La cause première de l’échec de cette réforme se trouve dans la nature même du pouvoir algérien qui préfère les notes d’orientation au dialogue et la concertation, explique-t-on du côté des enseignants. Au lieu de recommander, le ministère de l’Enseignement supérieur serait bien inspiré d’associer les enseignants et les étudiants à l’élaboration des stratégies, il y aurait plus de synergie dans le travail, une meilleure adéquation avec la réalité du terrain et surtout beaucoup moins de désillusions.»

 

Et, actualité oblige, c’est le système de licence master doctorat, mis en branle en 2003-2004, et ses incohérences qui est régulièrement désigné comme l’exemple parfait de l’échec des réformes. La rentrée universitaire de cette année a été marquée par de nombreuses manifestations de protestation, à travers plusieurs wilayas du pays, de milliers d’étudiants pour attirer l’attention des pouvoirs publics sur les risques du système LMD et ses désastres : «Le LMD demeure confronté, sur le terrain, à des difficultés d’ordre pédagogique, matériel, mais surtout de management. Il subsiste à ce jour des confusions notables dans l’organisation des cours, des volumes horaires, des semestres et des examens», confirme un enseignant universitaire à travers une contribution à la presse, en indiquant que «beaucoup de problèmes de manque de moyens pourraient être réglés par le biais d’une meilleure organisation : les problèmes de salles de cours, d’équipements de laboratoire, de professeurs, de produits ne seraient pas dus à un manque de moyens, mais à un défaut de managers».

 

Comme le LMD, un certain nombre d’autres difficultés sont mises à l’index par la communauté universitaire comme étant l’expression d’un ratage monumental : «Nous pouvons évoquer le départ massif des compétences vers des cieux plus cléments, ce qui a fortement contribué à la baisse de la qualité de la formation, la non-préparation des enseignants et de l’administration universitaires à cette réorganisation, l’inadéquation de la formation avec les besoins des entreprises et plus généralement de l’environnement économique du pays, qui a aggravé le taux de chômage parmi les diplômés. Les répercussions de ces réformes sont incalculables, mais malheureusement, nous n’avons pas encore marqué une pause pour en faire le bilan.»

 

Il faut cependant reconnaître que l’échec de cette réforme ne constitue pas un cas isolé : toutes les réformes (justice, administration, école…) qui ont été conduites ces dernières années connaissent sensiblement le même sort. C’est le lot des pays qui privilégient l’injonction au dialogue. 

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