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Oran : Brocanteurs par défaut

4 Janvier 2011 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Culture

Vieilleries-ramasse-poussieres-Sur-notre-buffet.jpgSur les centaines de commerces de vieilleries et autres produits usagés qui ont ouvert ces vingt dernières années dans la wilaya d’Oran, rares sont ceux que l’on peut décemment qualifier d’antiquaires ou de brocanteurs. La raison en est simple : leurs propriétaires n’ont pas investi ce secteur par amour ou par passion des antiquités mais par manque de perspectives et de débouchés. La situation socioéconomique extrêmement sévère le pays a vécue de longues années durant a conduit la majeure partie de la population algérienne à recourir à toute sorte d’expédients pour survivre.

Et c’est ainsi que ces brocanteurs par défaut ont fait leur apparition dans un contexte administratif marqué par une grande anarchie : nul besoin de registre de commerce ou d’une quelconque autorisation pour ouvrir son «hanout» (littéralement boutique) : un petit local, fut-ce un réduit, ou n’importe quel garage suffisait pour jeter pêle-mêle une marchandise qui pouvait aller de la chaussure à un poste de télévision ou un réfrigérateur en passant par tout ces menus objets de la vie quotidienne que l’être humain finit toujours par remiser quelque part ou mettre à la poubelle. Le pouvoir d’achat étant ce qu’il est, ces commerçants ne manquent pas de clients qui se recrutent dans toutes les classes sociales pour lesquelles ils constituent, comme la friperie, le dernier recours : «Mais ce ne sont pas de véritables antiquaires, ces commerçants qui recherchent strictement des objets d’occasion, refuse Messaoud, enseignant universitaire dont l’un des loisirs est de courir ces boutiques de produits usagers en quête d’articles rares. Ce sont juste des commerçants qui n’ont pas les moyens de commercer dans d’autres produits plus lucratifs.»
Malgré tout, avec quelque assiduité et abnégation, l’on peut retrouver chez ces commerçants de petites «perles» qui, si elles ne peuvent rivaliser avec les raretés que les collectionneurs du monde recherchent, feraient probablement le bonheur des petits amateurs de vieilleries pas trop exigeants, particulièrement des meubles datant du milieu du 20 siècle que leurs propriétaires ont fait remplacé. Des produits qui valent relativement cher et qu’il faut, parfois, longuement marchander avec ces brocanteurs qui, s’ils ne sont pas passionnés par les antiquités, n’en connaissent pas moins la valeur, eux qui les ont acquis auprès de brocanteurs à la criée qui, chaque matin, font le tour des quartiers résidentiels de la ville à la recherche de produits usages qu’ils pourront acheter pour quelques poignées de dinars chez des propriétaires aisés pressés de s’en débarrasser et pas très difficiles sur les prix.
Ce qui manque à ces commerçants est, sans doute, cette amour qui pousse le brocanteur à pister les objets rares où qu’ils se trouvent: «Le véritable brocanteur, insiste notre enseignant, doit également connaître l’histoire et pouvoir retracer l’itinéraire d’un objet, déterminer sa date de naissance…»
Ce qui ne saurait s’acquérir dans un environnement aussi porté vers le mercantilisme et pour lequel les notions de mémoire, patrimoine ou histoire demeurent encore très floues.

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C
J'ai rencontré de jeunes pseudo-antiquaires qui ramenaient des vielleries d'Espagne, le seul argument qu'ils ont c'est qu'ils n'ont rien trouvé à faire '' çà rapporte bien'' m'ont-ils dit, tant<br /> mieux pour eux pourvu que çà élargisse leurs horizons et leur culture.
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