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Journalistes embarqués pour délit de travail

8 Mars 2011 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Actualités

Dans le tumulte de l’actualité nationale et internationale, on ne semble pas accorder beaucoup d’importance au fait que des journalistes aient été interpellés samedi dernier à Oran, embarqués comme des malpropres dans les paniers à salade, pour certains promenés à travers la ville à la recherche d’un commissariat pas trop encombré, interrogés par des policiers souriants et puis remis en liberté. Ce qui leur était reproché ? S’être rendu sur la place du 1er novembre pour couvrir la marche organisée par la Coordination nationale pour le changement et la démocratie, autrement dit d’être allé travailler. Ils avaient beau exhiber cartes de presse ou ordres de missions, rien n’y fit : «Nous avons reçu l’ordre d’arrêter tout le monde !!» a été la seule réponse des gardiens de l’ordre à ceux qui s’étaient étonnés de la tournure des événements. Cela pourrait paraître ahurissant pour beaucoup d’Algériens mais c’est la stricte et triste vérité : les journalistes arrêtés n’ont été coupables d’aucun des délits contenus dans le Code de l’information (écrits diffamatoires, calomnies, apologie de la race, de l’intolérance et de la violence….) ou dans tous les autres codes qui régissent la vie publique en Algérie.

Que les interpellations se soient déroulées dans de «bonnes conditions» (comme ce fut souligné par une certaine presse), que les policiers aient témoigné quelque égard à leur encontre (c’est-à-dire qu’ils n’ont pas usé de violence) et qu’ils aient été relâchés moins d’une heure après, ne change rien à la gravité de la situation : des journalistes algériens ont été arbitrairement arrêtés dans le seul but de faire avorter une manifestation de contestation. Ce qui constitue, qu’on le veuille ou non, une atteinte très grave à une professsion qui a beaucoup donné pour des lendemains meilleurs et un reniement aux sacrifices consentis par les journalistes dont - nous avons tendance à l’oublier assez souvent malheureusement - plus d’une centaine ont payé de leurs vies leur amour pour ce pays.

On peut disserter longuement (certains le font régulièrement par presse interposée) sur les visées des uns et des autres, les intentions de tel journal ou tel groupe de presse, les motivations ou la qualité des écrits de tel ou tel journaliste ; on ne peut cependant pas discuter la liberté de la presse et d’opinion qui constituent les fondements de toute démocratie : ce n’est pas pour rien qu’elles sont garanties par toutes les lois universelles et que les sociétés  développées les défendent avec acharnement.

Dans moins de deux mois, le monde commémorera le 18ème anniversaire de la liberté de la presse, ce qui offrira l’occasion d’examiner les conditions d’exercices des journalistes dans tous les pays et il fort à parier que l’Algérie ne figurera pas en bonne place.

Porter atteinte à la liberté de la presse équivaut à mettre en danger tous les acquis arrachés dans le sang depuis 1988 ; Et à terme, c’est menacer la paix sociale et la stabilité du pays.

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