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Flambée dex prix : «L’Etat est responsable de cet "incendie"»

19 Août 2009 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Revue de Presse

Les haricots verts à 100 DA le kilogramme, la courgette et la pomme de terre respectivement à 80 et 45 DA le kg. Quant aux œufs, ils sont cédés à 10 DA l’unité. Exemples de prix de produits alimentaires qui, ces derniers temps, continuent à grimper.

Mais qui en est responsable et qui protégera le consommateur contre cette flambée qui ne cesse de racler sa bourse jusqu’à la trouer ? Des consommateurs, dans une colère résignée, ruminent leur amertume. Ils se demandent comment ils s’en sortiront sachant que sans ces augmentations, ils se nourrissent juste pour ne pas mourir. En hiver, ils consomment lentilles et pois chiches ; le reste de l’année, des salades. Quant à la viande, il faudrait qu’elle soit remboursée par la sécurité sociale pour se permettre ce luxe. «L’Etat dépense des milliards de dinars pour le Festival panafricain et les vedettes orientales et il laisse le peuple mourir de faim.» C’est en ces termes que les citoyens s’expriment non sans colère sur la flambée des prix des produits alimentaires de base qui sévit actuellement à Alger.


Même le prix de la viande congelée a pris des ailes

Des prix qui les «brûlent» au troisième degré. Quand ils parlent de viande, ils disent que «Dieu ait son âme». «Elle est inaccessible de par son prix.» «Parler de viande alors que nous ne pouvons pas nous approvisionner en pommes de terre, pois chiches et lentilles est aberrant», relève Sadek. Pour ces citoyens, la situation ressemble à un pandémonium. «Nous n’avons pas où dormir, nous n’avons pas droit au travail, nous n’avons pas le droit de voyager. Maintenant, nous n’avons pas le droit de manger à notre faim. C’est ce que j’appelle personnellement le terrorisme», constate Ahmed. Et son ami enchaîne : «Un peuple ouvre droit au travail, à l’instruction, à la santé, au logement et à se nourrir. En Algérie nous sommes privés de tous ces droits élémentaires. Le président de la République a parlé, dans un de ses discours, de mercenaire. Qu’il nous dise est-ce que c’est le peuple ou l’Etat qui est mercenaire ?» Hamid, 42 ans, juge la situation catastrophique : «Je suis père de deux enfants. Il y a trois jours, je suis allé au marché. J’ai dépensé 2 000 DA et je n’ai pas rempli le petit sachet que je prends avec moi et qui ne coûte pas plus de 2 DA. En plus, je suis au chômage. Je fais des demandes d’emploi depuis l’âge de 18 ans. La vie est très chère dans les quartiers populaires. L’Etat pousse les gens à voler ou à commettre des crimes pour se nourrir. Un kilo de pois chiches atteint les 111 DA, 105 DA pour les lentilles. Quant au sucre, son prix est de 77 DA le kilogramme au lieu de 55 DA il y a quelques jours…» «Le Ramadhan est proche, les prix augmenteront encore. Et puis il y a aussi la fête de l’Aïd et la rentrée scolaire. Nous aurons ainsi beaucoup de dépenses. Je me demande comment je m’en sortirai.» Mohamed, comme les autres interlocuteurs, incombe à son tour la responsabilité de «cet incendie» à l’Etat. «Si nos responsables ouvrent les frontières, nous quitterons en masse ce pays. Nous n’avons même pas le droit au travail. Les rares qui ont de la chance, on leur propose d’être agent de sécurité. C’est tout ce qu’il y a comme travail dans notre pays. Le prix d’un kilogramme de viande est de 970 DA. Nous nous rabattons sur la viande congelée, mais qui dit que ce n’est pas de la viande de porc ? Je n’ai confiance en personne dans ce pays. »
Côté marchands de légumes, à chacun sa vérité.


Le diktat des revendeurs et des trabendistes

«La plupart des légumes reviennent à 40 DA le kilogramme. Pour l’année en cours, je trouve les prix raisonnables. Le prix de la tomate varie entre 40 et 70 DA. Cela dépend de la qualité. Beaucoup de clients ne posent pas de question sur les prix, c’est la qualité de la marchandise qui les intéresse. Un kilo de laitue est cédé entre 60 et 70 DA. Mais les clients ne sont pas obligés d’acheter un kilo de ce légume. Une livre leur suffit pour trois ou quatre jours car la laitue n’est pas un produit essentiel. Ils ne sont pas condamnés aussi à prendre 2 ou 3 kilos de courgettes. Les consommateurs doivent gérer leur portefeuille de manière raisonnable.» Cela dit, pour les prix des produits, poursuit le même interlocuteur, «ils dépendent des prix pratiqués aux marchés de gros, tout se décide à ce niveau». Un autre marchand juge les prix «excessifs». Certes, «les prix de détail sont fixés en fonction des prix pratiqués au niveau des marchés de gros, cependant d’autres facteurs interviennent dans les augmentations des prix». Il cite en premier lieu les tarifs du transport. «Louer une camionnette pour nous approvisionner en marchandises nous coûte entre 600 et 800 DA. Il faut aussi payer le porteur qui décharge la marchandise pour ensuite la déplacer vers le magasin. En plus, pour accéder au marché de gros, il faut payer 50 DA à titre de droit d’entrée.» Mais la catastrophe est ailleurs, explique-t-il : «Quelquefois nous achetons de la marchandise qui passe par quatre ou cinq intermédiaires, des mercenaires clandestins qui guettent des agriculteurs à l’entrée des marchés de gros, leur donnent 5 000 DA d’arrhes et accaparent la marchandise pour la vendre sur place. Une seule opération de ce genre leur rapporte jusqu’à 40 000 DA de bénéfice net. En plus, même s’ils s’entendent avec leur client sur le prix, si ces derniers ne sont pas vigilants, ils paieront 2 DA de plus par kilogramme. Comme ils trichent dans le poids, ils détournent 4 à 5 kilos par cageot de légumes ou fruits. Cela m’est arrivé. » A son avis, ces pratiques sont dues à «l’absence de l’Etat qui n’assume pas sa mission de contrôle. Ainsi, le marché des fruits et légumes active dans l’anarchie. Nous ne sommes pas responsables, en tant que marchands de détail, de la flambée des prix dont se plaignent les consommateurs». A son tour, un vendeur de poulet explique la montée des prix de la viande blanche par la cherté de l’aliment du volaille. En plus, durant la période estivale, les éleveurs produisent en petites quantités en raison de la chaleur qui tue les poussins. «Entre-temps, les gérants d’abattoirs ne s’approvisionnent pas beaucoup. En transportant leur marchandise pendant cette période, ils en perdent une quantité importante en cours de route. En période de grande chaleur, les poulets meurent. Ainsi, il perd 500 DA par poulet mort.» Il indique que le prix de détail d’un kilogramme de poulet vidé de ses abats est de 340 DA. «Nous nous en approvisionnons au prix de gros auprès des abattoirs pour 250 DA le kilo et le poulet n’est pas vidé de ses entrailles et viscères. C’est le vendeur en détail qui le vide de ses abats.»
(El Watan - 19 août 2009)

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