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Disparition de l'«Arctic Sea»: Entre espions, pirates, mafia et silence d'Etat

17 Août 2009 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Revue de Presse

Le bon port de Béjaïa a-t-il échappé à une cargaison radioactive de l'Arctic Sea ? Non, jure l'Autorité finlandaise de la sécurité nucléaire. Mais le manque de communication sur cette ténébreuse affaire alimente toutes les spéculations.
Tous les ingrédients d'un grand feuilleton d'espionnage sont réunis dans l'affaire de l'Arctic Sea parti de Finlande mais qui a raté, de gré ou de force, sa destination béjaouie pour les eaux lointaines du Cap-Vert: un «casting international», de «l'action» avec une ou deux attaques menées par des hommes armés et, last but not least, une demande de rançon. Celle-ci serait de 1,5 million de dollars. Trop peu, pensent les observateurs, pour des «pirates» qui se sont donné tant de mal pour s'emparer d'un navire au large de la Suède ou du Portugal pour l'emmener si loin de sa destination prévue. Cela ne rend que plus mystérieuse cette affaire où les pirates présumés peuvent tout aussi être des membres de services spéciaux. Ce qui accroît l'atmosphère de roman d'espionnage est qu'aucune des informations distillées n'est certaine. Pas même la localisation de l'Arctic Sea au large des eaux du Cap-Vert. Le feuilleton mystérieux s'est corsé avec une rumeur «radioactive» que l'Autorité finlandaise de sécurité nucléaire (Stuk) a dû démentir avec une vigueur remarquable mais qui pourrait ne pas convaincre des imaginatifs. Ceux-ci peuvent avancer l'argument «rationnel» que les péripéties troubles qui entourent l'Arctic Sea deviennent plus plausibles s'il avait une cargaison d'armes ou des produits radioactifs au lieu de la banale cargaison de bois. En tout cas, un pompier soupçonneux, qualifié «d'imbécile» par le directeur général de la Stuk, Jukka Laaksonen, a bien effectué une mesure de radioactivité, qui s'est avérée négative, sur l'Arctic Sea avant son appareillage depuis le port finlandais de Pietarsaari (ouest).

«Affaire ultrasensible»
«Un pompier, pour une raison inconnue, a pensé qu'il pourrait y avoir de la matière radioactive dans le chargement et c'était une idée absolument stupide. Il n'y avait aucune raison de penser ça. Ils ont commencé à mesurer avec un simple compteur et ils n'ont rien trouvé». La véhémence avec laquelle le patron de la Stuk s'attaque au pompier «imbécile», dont l'action a permis en théorie d'éliminer l'hypothèse de produits radioactifs, est en tout cas fort curieuse et n'est pas de nature à faire «oublier cette idée idiote». En tout cas, la marine russe est aux trousses de l'Arctic Sea. Et dans cette «affaire ultrasensible», pour reprendre les termes d'une agence de presse, une coordination des efforts et des échanges d'informations a été établie entre la Russie et l'Otan. Cette coordination a été confirmée par l'ambassadeur russe auprès de l'Otan, Dmitri Rogozine. La Commission européenne qui avait révélé l'existence d'une deuxième attaque contre l'Arctic Sea au «large du Portugal» aura apporté sa contribution aux mystères qui entourent l'affaire en indiquant que l'attaque n'aurait «rien à voir avec des actes de piraterie traditionnelle ou une attaque armée en pleine mer». Le Bureau national d'enquêtes de la police finlandaise, qui a révélé la demande de rançon transmise à l'armateur de l'Arctic Sea, la société finlandaise Sol Chart, est peu loquace. 

Les prochains ingrédients au prochain épisode ?
Le chef du Bureau national d'enquêtes de la police finlandaise, Jan Nyholm, a évoqué un «détournement présumé» mais s'est refusé à donner le moindre détail sur la position du bateau, le sort de l'équipage russe et des raisons qui expliquent cette disparition. Pour lui, l'enquête a pris une dimension internationale et implique une vingtaine de pays et il est nécessaire de ne pas «la mettre en péril». Les Russes dont la marine est partie à la chasse à l'Arctic Sea ne sont pas également communicatifs. Ni sur la position du cargo ou sur leurs intentions au cas où ils le retrouvent. La marine russe organisera un autre abordage musclé - le troisième depuis le début du feuilleton - pour libérer des marins russes, présumés en otage ? Sont-ils d'ailleurs des otages ? Il n'y a que des questions dans cette affaire, très peu traditionnelles. Que contenait ce navire, une simple cargaison de bois qui n'est jamais arrivée à Béjaïa ou quelque chose de plus «sensible»... Il faudra attendre le prochain épisode qui pourrait ne pas apporter de clarifications, mais de nouveaux ingrédients pour un feuilleton estival planétaire...
(Q.O - 17 août 2009)
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