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Oran : De plus en plus de malentendants

31 Mai 2009 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Oran

En l'absence de chiffres «réels» sur le nombre et la situation  des malentendants en Algérie, le seul barème qui puisse être pris plus ou moins en compte reste l'appréciation personnelle des spécialistes. Une approche sélective qui, pour certains, donne une moyenne de 1,2 million d'Algériens souffrant de surdité «à différents degrés», comme avancé par un médecin prothésiste d'appareils auditifs installé à Alger, ou encore les 1/5 de la population globale du pays qui sont affectés par un handicap partiel, évolutif ou stagnant, comme tient à le souligner Mme Lazouni, la gérante de l'entreprise Audifel spécialisée dans les prothèses auditives et qui calque ses estimations sur les 10% de malentendants que compte l'espace européen. «1/5 de la population nationale souffre de problème d'audition, ce qui en fait largement un problème de santé publique», dira-t-elle. Le réseau Audifel, qui couvre actuellement 11 wilayas dont Oran, Alger, Constantine ou encore Annaba et Mostaganem, est considéré comme le leader incontesté sur le marché national et s'est tracé comme objectif «de couvrir tout le territoire national dans les deux ans à venir». Pour Mme Lazouni, le taux des malentendants a progressivement augmenté de manière inquiétante ces dernières années, pour toucher toutes les couches sociales. Les principales raisons sont à chercher, selon les spécialistes, dans les nuisances sonores, notamment chez les adolescents et les jeunes. «Certaines personnes qui ont 25 ans présentent des oreilles de 70 ans», affirme la gérante d'Audifel qui tire, au passage, la sonnette d'alarme sur les vieillissements précoces de l'oreille.
L'autre problème soulevé est l'automédication, largement répandue dans la société. «Les malades préfèrent se rendre à la pharmacie du coin pour traiter une infection de l'oreille que de se faire ausculter par un spécialiste», se désole-t-elle. Noureddine, 38 ans, estime être parmi ces gens qui, par paresse ou par souci d'économie, vont chez le pharmacien le plus proche pour se faire soigner une otite ou un début d'infection. «Je connais des gens qui se soignent tout simplement chez eux en utilisant de l'huile d'olive légèrement chauffée», ajoutera-t-il.
A Oran, et un peu partout en Algérie, l'absence de la culture du dépistage et l'insuffisance de la prévention sont devenues le grand mal des malentendants. «Le dépistage et la prévention sont nécessaires pour freiner un peu ce handicap favorisé, il est vrai, par ce qu'il est convenu d'appeler les maladies de la pauvreté qui entraînent des surdités précoces», affirmera notre interlocutrice. L'autre aspect de l'équation réside dans l'appareillage qui doit être «rigoureusement» réalisé par de vrais spécialistes de l'audition, sinon le risque d'une dégradation supplémentaire de l'audition n'est pas à écarter. Audifel s'enorgueillit de procéder au montage d'une bonne partie de ses appareils auditifs à Oran et que ces mêmes appareils sont reconnus et remboursés dans les pays européens. Des produits qui font la fierté de l'Algérie, puisqu'ils sont nés grâce au transfert de technologies acquises en France, en Suisse et en Allemagne et qu'ils sont qualifiés par les spécialistes des plus fiables et les moins chers sur les marchés national, maghrébin, africain et européen. Evoquant son entreprise, créée en 2000, qu'elle gère avec son mari, également médecin-spécialiste, elle déclare qu'elle fait partie des compétences nationales revenues au pays après des années passées à l'étranger. «Nous voulons servir d'exemple pour les Algériens résidant à l'étranger pour qu'ils tentent leur chance ici, chez eux, malgré toutes les entraves bureaucratiques rencontrées», conclura-t-elle.
(Quotidien d'Oran - 31 mai 2009)
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