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Saison de la migration des banques algériennes vers le numérique

26 Mai 2009 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Revue de Presse


La fin de l'argent dans les sachets noirs ?

 

On a fini par y arriver ! C'est désormais sûr, les banques algériennes passeront dans un proche avenir, avant la fin 2009, au traitement électronique des chèques. Abderrahmane Benkhalfa, délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), l'a annoncé, avec une note de légitime fierté, en marge d'une réunion d'une journée d'études organisée par le groupe Algérie-Télécom et Microsoft-Algérie. Les manipulations humaines ne seront plus qu'un souvenir pour le plus grand bonheur des clients contraints de patienter devant des guichets souvent peu sympathiques.
Le progrès est certain et il faut s'en féliciter, même s'il est nécessaire de l'apprécier à sa juste mesure. Les progiciels de traitement de chèques existent et sont utilisés massivement depuis de nombreuses années, y compris par des banques de pays comparables à l'Algérie. Le président de l'Association des banquiers a, en utilisant cet exemple très parlant, signifié l'entrée du système bancaire national dans l'ère du numérique. La dimension technologique du métier de banquier est une réalité concrète illustrée par l'industrialisation des traitements de masse, le chèque et tous les moyens de paiement, mais également des opérations plus complexes comme le crédit documentaire ou les opérations sur titres. Les banques des économies avancées ont dans une phase originelle introduit des systèmes informatiques comptables, puis de monétique avec l'introduction des cartes de crédit et de débit. Dans une seconde phase, au début de la décennie, elles ont acquis des logiciels capables de lire les données des chèques et effets.

Réhabilitation du chèque
Aujourd'hui, les banques, dans un souci d'économie, sous-traitent les opérations de masse à des sociétés spécialisées ou à d'autres banques qui disposent de moyens de traitement très performants. L'externalisation des traitements industriels est une réalité commune. Certains clients de banques européennes sont loin de s'imaginer que leurs opérations sont traitées dans des centres spécialisés situés au Moyen-Orient ou en Inde. Bien évidemment, nos banques n'en sont pas encore là, même si l'évolution les contraindra elles aussi à améliorer en permanence leurs performances et à réduire leurs coûts. Le client algérien, quant à lui, a des préoccupations plus actuelles. L'enjeu de l'utilisation du chèque est stratégique; il permet une sécurisation des paiements, une traçabilité nécessaire à tous les points de vue. Les déficiences du chèque ont entravé les échanges et pénalisé nombre d'entreprises qui ont fini par refuser systématiquement les chèques. Cette situation a stimulé le marché informel et a fait le bonheur des fabricants de sacs en plastique noir. L'accélération des procédures devrait participer à la réhabilitation d'un instrument considéré avec suspicion par de nombreux commerçants échaudés. Si la modernisation des traitements assure une plus grande fluidité et une rapidité appréciée par les usagers, elle n'est pas la solution miracle qui réglera le contentieux du public avec ses banques. La formation des personnels, à tous les échelons de responsabilité, et la diversification des produits bancaires représentent la modernisation fondamentale réelle d'un système qui reste encore marqué par un héritage bureaucratique. La généralisation des nouvelles technologies est une excellente nouvelle, pour les fournisseurs de progiciels bancaires aussi, mais le réel défi des banques algériennes est celui de la mise à niveau qualitative. C'est sur ce terrain que sont attendues les transformations indispensables au fonctionnement efficace des banques mais également à celui de l'économie tout entière.
(Quotidien d'Oran - 26 mai 2009)
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