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Oran : Le cauchemar des demandeurs du certificat négatif

23 Mai 2009 , Rédigé par Samir Ould Ali Publié dans #Oran

Dans l’espoir d’être les premiers à être servis, des centaines de citoyens n’hésitent pas à passer la nuit devant le siège de la Conservation foncière de Seddikia. Une situation qui n’a pas manqué de semer la pagaille en ces lieux, et provoquer l’indignation des riverains.

L’agent de sécurité de la Conservation foncière déclare: «Dès 1h du matin, une longue file d’attente composée de vielles personnes et de malades chroniques, se forme devant la Conservation. Ces citoyens viennent retirer le «certificat négatif» attestant qu’ils ne possèdent aucun bien foncier et qu’ils n’ont bénéficié d’aucune aide de l’Etat pour l’acquisition d’un bien immobilier. Une bonne partie d’entre eux y passent la nuit afin d’être les premiers servis à l’ouverture des guichets. Il faut savoir que cette antenne de la Conservation est destinée aux résidents des zones est et ouest de la ville, ce qui explique cette foule impressionnante devant le bâtiment chaque jour». Cet agent ajoute: «La Conservation assure la délivrance de plusieurs documents administratifs. Entre dépôts et retraits, nous enregistrons jusqu’à 400 opérations. Il faut savoir que le dépôt des dossiers s’effectuent uniquement les dimanches et mardis».
La tâche n’est pas facile pour l’acquisition du sésame. Mohamed Lakhdari, 56 ans, déclare: «Je suis là depuis 5h du matin. Je pensai être le premier de la liste, et ma frustration fut  grande au moment du retrait de mon ticket de dépôt de dossier… Il portait le numéro 188. J’ai demandé une explication et l’on m’a appris ainsi que les premiers de la liste avaient passé la nuit devant le siège de la Conservation foncière. Franchement je ne sais pas comment faire… Je suis arrivé d’El Kerma pour déposer le dossier de retrait de certificat et me voilà obligé d’attendre toute la journée, sans être sûr d’y arriver aujourd’hui avec ce numéro». Parmi les citoyens attendant devant le bâtiment, nous remarquons un grand nombre de personnes âgées et de malades chroniques. Ils s’accordent tous à qualifier la situation de catastrophique.
Parmi ces personnes, Mazoukh Fafa, 64 ans, déclare: «Je me suis présentée au service dès 6h du matin, malgré que je sois diabétique et cardiaque à la fois. A vrai dire, je n’ai pas le choix, et personne ne peut le faire à ma place. J’habite la cité Djamel, et depuis quelques temps, je me rends tous les jours au siège de la Conservation et je n’ai toujours pas pu retirer mon certificat négatif». Attaf Fouzia, 43 ans, résidant à la cité des Amandiers, confirme: «Les tickets sont distribués très tôt le matin. J’ai fait un grand effort pour être siège dès la première heure de la matinée, mais vainement puisque je n’ai pu décrocher un numéro de premières positions».
Ainsi, certaines personnes âgées qui ne peuvent supporter ces contraintes des longues heures d’attente rentrent chez elles, sans pouvoir déposer leur dossier. Cette situation intenable pour certains constitue la belle aubaine pour d’autres à la recherche d’opportunité de bisness. En effet, de nombreux propriétaires des locaux commerciaux avoisinant le siège de la Conservation foncière, offrent leurs services pour le remplissage des dossiers. Mais cela n’a pas manqué de provoquer mouvements, attroupements et désordre dans le quartier, une situation que dénoncent vivement les riverains déjà fortement éprouvés par les conséquences du méga marché informel d’Es-Seddikia qui s’étend aujourd’hui de l’avenue de Canastel à l’avenue d’Arcole.
Pour les employés de la Conservation foncière ainsi soumis à cette pression quotidienne de demandeurs qui font systématiquement le siège de leur institution, les choses ne sont pas faciles. Ils font très souvent l’objet d’insultes et d’agressions de la part de personnes qui les considèrent d’abord comme des obstacles et non plus comme ceux-là qui œuvrent à l’élaboration de leurs dossiers. Et comme il fallait s’y attendre, craignant pour leur sécurité, ils réclament l’intervention des services de sécurité.
Le conservateur foncier d’Oran-Ouest révèle: «Le nombre des dossiers déposés quotidiennement dépasse les 900 et, malgré ce grand effort, nous avons du mal, parfois, à maîtriser la situation. C’est pour cette raison que nous commençons l’opération de distribution des tickets très tôt le matin et servir le maximum de citoyens. Je signale, toutefois, que cette situation n’est pas conjoncturelle, elle dure toute l’année, d’autant plus que la validité du certificat négatif a une durée de trois mois seulement.»
Devant de telles conditions de travail, ce responsable émet son souhait qu’une solution soit apportée à ce problème dans les plus brefs délais, et sollicite la présence d’agents de sécurité pour faire respecter l’ordre et prévoir toutes dérives. Aussi, selon notre interlocuteur, ce siège de la Conservation est incompatible avec
cette vocation et sa présence en ce tissu urbain est inappropriée.
(Voix de l'Oranie - 23 mai 2009)

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